Visite aux Galopins et découpages

lundi 05 mai 2014

Posté par Thierry | Classé dans : Mots

En avril, Fabienne (une autre) est partie visiter les Galopins..., mais armée de papiers, ciseaux et épingles, elle avait une idée dernière la tête. Voici ce qu'elle écrit de son séjour :

J'ai laissé ma famille en France et suis partie à Calcutta car je supposais que dans cette ville beaucoup de gens continuaient à travailler de leurs mains.
L'explication m'a été donnée par un habitant de la ville : « c'est la main d’œuvre qui est la moins chère, donc ça perdure ». J'ajouterai à cela que la transmission de gestes artisanaux anciens s'est faite et que l'Œuvre de la main est d'un grand raffinement, dans cette ville, précisément.

Sourav et le Taj Mahal

En France, je pratique l'artisanat du papier découpé. J'ai proposé à Fabienne de faire un petit atelier pour les garçons du foyer, les Galopins. Je suis donc partie avec des papiers brillants et de couleur, des modèles de découpage photocopiés, des ciseaux, des épingles. La colle, nous la ferions sur place avec de la farine et de l'eau.

J'ai retrouvé Cathy et son filleul Sashi dans le sud de la ville, là où sont de beaux quartiers paisibles.

Lorsque je suis arrivée au foyer, un appartement bleu avec de jolis tissus fleuris et un air frais malgré la chaleur d'avril, j'ai été accueillie par Sourav qui m'a montré son œuvre.

Biki

Les enfants m'ont tout de suite, comme vous le voyez, accueillie et m'ont appelée « Auntie », « Tante ». Chacun sa façon de sourire, chacun sa façon d'avoir dans les yeux quelque chose de sérieux, chacun sa manière d'accueillir chez soi, car cela ne fait pas de doute, ces galopins sont bien chez eux, ici.

Suraj et son découpage

Nous nous sommes mis au travail dans le dortoir des petits, en deux temps trois mouvements. C'est eux qui m'ont entraînée, c'était mon premier atelier ! On ouvre la boite rouge avec le matériel, je leur montre des découpages de Hans Christian Andersen, d'autres qui viennent de l'art populaire polonais, allemand. Ils choisissent un modèle, je leur montre comment entrer dans le dessin avec des petits ciseaux, comment souligner une ligne de découpage avec des petits trous d'épingle. Ils sont intéressés, concentrés, ils essaient, ils ont tout de suite compris.

Rabi montre son paon

Et sitôt qu'ils ont compris, reproduit une première fois, ils inventent. Certains me donnent leur découpage et comme j'aimerais qu'il le garde, l'un me dit « pas de souci, je pourrai le refaire ». Je lui conseille de regarder autour de lui, dans les papiers du quotidien, ceux qui seraient jolis à découper.
Je vois bien qu'ils ont une force, qu'ils sont une force, avec leur bonne et grande volonté, leur sérieux, leur bien être dans ce foyer, leur habileté, leur relation simple, saine et chaleureuse aux adultes, leur inventivité.

Monzoor aux ciseaux

En allant faire de la colle, sur le réchaud de la cuisine, c'est la cuisine d'une famille que j'ai visitée, une famille calme et confiante constituée d'adultes qui veillent sur eux discrètement (j'aurais là aussi à apprendre quand je pense que je suis tout le temps à reprendre mes enfants !!). Le secret est dans les règles de vie commune qui sont solidement établies. Nous avons terminé le travail, les enfants balaient et partent jouer sur le grand terrain près de la maison. Tout cela s'est passé naturellement. Ils sont bien accompagnés et savent ce qu'ils doivent faire.

Les découpeurs en plein travail

Voici donc ma visite dans ce lieu harmonieux et chaleureux. Un lieu ne fait pas tout mais il fait beaucoup. Le reste, c'est l'esprit des adultes qui les accompagne et les enfants eux mêmes qui s'en chargent. À chacun merci de votre accueil, de votre personnalité unique qui s'épanouit ici. J'ai rencontré, non pas seulement des enfants, mais de belles personnes en devenir. La qualité humaine de chacun de vous m'a touchée et soyez sûrs que je ne vous oublie pas. Moi aussi j'ai envie de vous accompagner, de très loin, de là où je suis. Et de vous envoyer de temps en temps papiers et modèles de découpages .

Les Galopins découpeurs entourent Fabienne

Je remercie aussi Fabienne, Cathy, l'équipe indienne de Calcutta et les enfants d'avoir accueilli la voyageuse solitaire que je suis et de m'avoir permis d'accomplir une toute petite action en faveur de ce qui m'émerveille : la capacité d'attraper la lumière avec une feuille de papier et une paire de ciseaux.

Auntie « Fabienne 2 », avril 2014

Thierry, le mécano du site

1 commentaire

Le dimanche 11 mai 2014, à 02:24 Thierry a dit : #1

Merci beaucoup pour ce précieux témoignage, personnel, mais si universel. Ces compte-rendus sont très instructifs : on sent bien tout le travail effectué,... et on perçoit l'évolution de ces enfants venus de la rue...

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