Catherine et Alex, marraine et parrain de Sushil sont venus à Calcutta en novembre 2013 ; voila ce qu'ils nous racontent...
Une semaine à Calcutta !
Nous avions l'impression qu'après cinq visites à Kolkata depuis une dizaine d'années, nous connaissions plutôt bien... Erreur.
D'ailleurs connaître quoi ? Ok on y a déjà fait les touristes avec ou sans nos Galopins : Victoria Memorial et la bibliothèque Nationale de Calcutta avec Sushil, le cirque Russe avec les petits, Kali temple, Chandernagor en train, les gares, la circulation démente et la pollution qui gratte la gorge et pique les yeux...
Cette fois-ci, ce voyage était spécialement axé sur Sushil et sa famille. Sushil n'est pas orphelin et ne vient pas de la gare. Sa maman, réfugiée du Bihar, ne pouvait faire face aux frais de ses deux garçons et elle dû placer le plus chétif, Sushil. Fabienne l'a accueilli en 2001. Nous sommes ses parrain et marraine depuis 2002. Depuis 7 ans Sushil est en Boarding School, il est plutôt très bon élève, en Classe XI, il envisage de devenir professeur d'anglais. Alors ? Tout va bien ?
Il y a un an et demi, sa maman nous avait tous invité à déjeuner, "chez elle", dans le slum (bidonville), en reconnaissance de l'aide et de l'affection donnés par tous et en particulier par Fabienne... Avec grâce et élégance, dans un environnement glauque et gris d'aire de stationnement de camions gigantesques, cette femme et sa jeune sœur nous ont reçu comme des princesses. Sushil était notre traducteur... mais les regards et les sourires suffisaient...
Comprendre l'organisation du slum est compliqué : les "oncles" gèrent et font tout payer aux occupants, tout ce qui est commercialisable... Le seul magasin d'alimentation leur appartient, etc... Une seule cuisine commune, un peu d'électricité - à la demande -, des sanitaires ? Le poids de la "famille" est ici évident : individuellement les enfants n'ont guère de "valeur", les femmes n'ont guère la parole face aux "oncles", et autres grands frères... Pourtant, ensemble, le groupe se soude et finalement s'entraide...
Il n'en reste pas moins vrai que le slum est insalubre et d'un environnement impossible pour une petite famille qui travaille dur pour essayer de s'en sortir honorablement. Nous avons appris cette semaine qu'un "oncle" veut les renvoyer dans le Bihar dont ils sont originaires parce qu'ils ne payent pas suffisamment de loyer. La jeune sœur devrait être mariée (ce qu'elle refuse). Pour faire de la place ?
- Que faire ? Trop faire serait plus dommageable que profitable pour elles et pour Sushil. Alors nous irons à petits pas : d'abord assurer une meilleure couverture santé pour sa maman qui aujourd'hui est la seule au foyer à travailler : 5500 roupies/mois soit 65 euros. Son budget nourriture du mois est de 3000 roupies... Ensuite aider la jeune sœur qui termine ses études de comptabilité, à trouver un travail, ce sera un second salaire car le rêve des deux sœurs est de s'établir hors du slum... C'est pas gagné mais on va les aider ! Sushil pourra alors ne plus s'inquiéter et se concentrer sur ses études qui demandent impérativement l'excellence car la société indienne est devenue très compétitive.
- Il a six ans d'études supérieures devant lui, avant de pouvoir devenir professeur.
Nous avons visité Carmel Boarding School avec Sushil, rencontré Père Joseph, évoqué l'égalité des chances, la pratique et le respect des religions au sein de cette école, le futur... Nous avons également rencontré l'équipe de Future Hope, ONG très similaire, avons pu confronter les expériences, les résultats et surtout établir des ponts réconfortants ! Nous avons discuté dans les magasins très modernes de Kolkata avec de jeunes gens parfaitement bilingues pour comprendre leurs itinéraires, trouver des liens... Nous avons écouté les conseils de managers qui parfois reçoivent 5000 CV par an et en interview personnellement 1000 par an !
Bref, une semaine de rencontres humaines dans lesquelles nous avons touché l'évidence des extrêmes du paradoxe indien. Le fantastique développement économique, financier et social pour les uns qui devient une chance pour certains qui ont eu accès à l'éducation tandis que d'autres restent bloqués dans une vie terriblement moyenâgeuse...
Catherine et Alex
6 commentaires
Le lundi 09 décembre 2013, à 20:11 Thierry a dit : #1
Le jeudi 12 décembre 2013, à 16:29 Yves a dit : #2
Le vendredi 13 décembre 2013, à 12:25 Virginie a dit : #3
Le dimanche 15 décembre 2013, à 16:20 Catherine a dit : #4
Le dimanche 15 décembre 2013, à 20:24 Thierry a dit : #5
Le jeudi 26 décembre 2013, à 16:11 Fichet André Nicole a dit : #6